D’environ 900 habitants, notre joli village, d’origine médiévale, est baigné par la douceur du climat de la vallée de la Sumène. Bâti au pied de deux anciens volcans, le bourg est valorisé par le dynamisme de ses nombreux commerces. Les belles maisons de la place témoignent d’un riche passé, tout comme la chapelle romane perchée sur un éperon volcanique et les vestiges du château dont se dégagent une atmosphère particulière. L’église, construite au XIIème siècle, mérite elle aussi le détour: sculptures des modillons et chapiteaux.
Dans les textes anciens, on trouve les noms de Villa de Sanis, Sanarium, Saniaresis, Sanhas, et Sanhes ce qui indique un terrain marécageux dans les environs. Le nom de Saignes pourrait aussi désigner la « saignée » trouée par laquelle on pénètre les monts du Cantal.
Comme de nombreux villages du Moyen-Âge, c’est grâce à sa situation géographique privilégiée, à l’articulation de la plaine et de la montagne, que le bourg de SAIGNES a vu le jour.
La bourgade est bâtie sur une terrasse dominée par un rocher qui servit d’emplacement à un château fortifié. Ce n’est qu’au 18° siècle que l’on voit apparaître le « i » de Saignes, peut-être par une erreur orthographique de ceux qui, comme les officiers qui dressèrent les cartes d’État-major, ignoraient le patois.
De nombreux noms ont ainsi été transformés de leur sens d’origine, par exemple la côte de la laiterie, qui en venant d’Ydes rejoint la route de Champagnac, devrait s’appeler lairerie comme on écrivait Laire qui signifiait en vieux français un découvert, un espace vide, une vue, la découverte d’une vallée.
Le bourg de Saignes, fondé à l’époque gallo-romaine, avait jusqu’en 2014 et la refonte des cantons, une position de chef-lieu de canton du même nom couvrant douze communes. Ce canton avec les communes du canton de Champs-sur-tarentaine constitue la communauté de communes Sumène-Artense.
Si on prend comme référence les populations des communes du canton, on peut se demander pourquoi Saignes a été choisie comme chef lieu ?
En effet, en 1831 (premier recensement sérieux), six communes sur les 12 du canton actuel ont une population supérieure à Saignes. Pour exemple, la commune voisine de Vebret compte à cette époque 1513 habitants tandis que Saignes n’en comptait que 537. Il faut attendre les années autour de 1960 pour avoir égalité d’habitants (environ 650). Il faut, donc, aller chercher ailleurs la suprématie de Saignes.
Au XII° siècle, à la suite des guerres féodales, la province Auvergne fut annexée à la couronne par Philippe Auguste. Il en suivit le démembrement du comté d’Auvergne et Saignes fut érigé en Comté secondaire ou Comtoriat. Pourquoi Saignes et pas une autre paroisse? Peut-être sous l’influence d’un puissant seigneur bien en cour. Cette comtoisie, et sa justice, s’étendait sur de nombreuses paroisses et villages.
Après les guerres de cent ans, le pays était en ruine, le village ne comptait que quelques loges et cabanes accrochées au rocher. Au début du 16ème siècle, les de Chabannes plus ou moins parents du roi de France, obtinrent la création de deux foires supplémentaires. Ce fut le début de l’essor de Saignes.
Les deux foires existantes se tenaient le 3 février et le 10 décembre. Le nombre des foires et leurs dates étaient fixées par le Roi. Par ordonnance royale, deux foires supplémentaires ont vu le jour le 6 mai et le 13 septembre.
A cette époque, les foires avaient une importance considérable. C’était un événement dans la vie du bourg mais aussi dans les paroisses voisines. Les marchands y étaient nombreux, certains n’hésitant pas à venir de Clermont, Lyon ou Bordeaux, le foirail était plein.
Les jours de foire, la vie agricole et artisanale était pratiquement arrêtée quatre lieues à la ronde, on allait y faire ses achats importants, les cultivateurs vendaient leurs récoltes de l’année et parfois, celles de plusieurs années.
Il y avait, alors, trois notaires royaux à Saignes qui enregistraient ces ventes et faisaient ces jours-là de bonnes affaires. Les cafés et autres petits commerces avaient des recettes importantes. Mais le gros bénéficiaire était, à n’en pas douter, le comtour auquel était versée une taxe sur toute transaction. Toujours est-il que Saignes devint une cité de marché, une ville de bourgeois et c’est probablement de ce fait que Saignes est de nos jours chef-lieu de canton. Les foires et marchés prenant de plus en plus d’importance, la construction d’une halle devint nécessaire. Elle fut érigée sur la place de l’église dès 1573.
Au bout de cette halle était un auditoire où se tenait l’audience, les mardis et samedis. Le Seigneur touchait les revenus de la halle. Tout est imposé: l’installation d’un banc coûte 1 sol (s’il est grand jusqu’à 10 sols), une vache vendue 1 sol, un cochon 1 sol, etc… Tout est codifié et taxé…
A proximité de la halle existait un four banal où les habitants étaient tenus de faire cuire leur pain et paraît-il que le Seigneur venait choisir une tourte pour son usage personnel. En 1855, la halle fut modifiée pour accueillir une école et une salle pour le conseil municipal.
Lorsqu’en 1881, le parlement décréta que l’enseignement primaire serait gratuit et obligatoire, le conseil municipal de l’époque décida la construction d’un ensemble comprenant la mairie, le groupe scolaire et le prétoire de justice. Les fonds manquaient, il fallut vendre des biens communaux et démolir la halle dont les matériaux servirent à édifier cet ensemble réalisé entre 1893 et 1895 et qui est toujours la mairie et l’école communale.
Les foires ont aujourd’hui malheureusement disparu et seul reste le marché du mardi. Les cafés d’autrefois se sont mués en autres commerces ou devenus des habitations. La maison blanche au bas de la route de Trizac qui était autrefois l’un d’eux et où l’on pouvait lire « BRANDON DEBITANT CAFE » est aujourd’hui la boucherie.
C’est certainement aussi grâce à ce passé glorieux qu’aujourd’hui encore, de nombreux commerces existent au centre-ville et que les habitants et ceux des communes alentoures et les touristes apprécient Saignes. Le patrimoine bâti de la commune vient aussi renforcer cette attractivité.